La bataille de l’IA se joue d’abord sur les marchés financiers
La bataille autour de l’intelligence artificielle ne se limite pas à la technologie ou aux laboratoires de recherche. Elle se joue, avant tout, sur les marchés financiers, où s’échafaudent les stratégies d’investissement colossales qui façonneront notre avenir.
Avec plus de 200 milliards de dollars investis en 2024 par les seuls GAFAM et des valorisations astronomiques pour des entreprises comme xAI, l’IA semble vivre son âge d’or… ou son moment de vérité.
Cet été, pourtant, des doutes ont émergé. Les marchés, après une flambée spectaculaire, se sont réajustés. Était-ce simplement une pause pour évaluer les gains réels de productivité ? Ou bien les dirigeants, reposés après leurs vacances, ont-ils repensé le ROI d’une technologie coûteuse, dont les promesses sont parfois plus médiatisées que concrètement mesurables ?
La douche froide est venue des travaux de Daron Acemoglu, qui ont sérieusement revu à la baisse les prévisions euphoriques des années précédentes. Et si l’IA n’était pas la révolution économique qu’on nous avait promis ?
L’Europe, de son côté, avance prudemment, peut-être trop, avec une régulation qui tente de protéger les droits fondamentaux sans freiner l’innovation.
Mais face à un paysage où les États-Unis, sous une administration Trump réélue, pourraient lever tous les obstacles au développement de l’IA, la crainte de voir l’Europe reléguée au second plan grandit.
Pourtant, dans ce tumulte, un détail nous échappe souvent : tout ne se résume pas aux grands modèles omniprésents dans les médias. Les modèles plus frugaux, plus spécialisés, prospèrent discrètement dans des secteurs comme la santé, la cybersécurité, ou encore à travers des solutions internes telles que les « ChatGPT privés » des entreprises. Une IA plus modeste, mais peut-être plus durable.
Alors, la bulle éclatera-t-elle ? Peut-être pas. Le ralentissement semble inévitable à mesure que l’enthousiasme initial atteint un plateau. Mais une explosion ? Rien n’est moins sûr. Nous avons besoin, plus que jamais, de sens critique face aux narratifs dominants.